Film muet : l’art de s’exprimer en silence
4 octobre 2022 à 9 h 53 : suite à une expérience scientifique sur les ultrasons, une large partie de la Drôme est sinistrée. Tous les habitants perdent soudainement l’audition. Que faire ? Comment communiquer ? Tel est le point de départ un peu fou que le chorégraphe Denis Plassard a donné à 11 classes de collégiens. Ils ont dû imaginer la suite des événements sous forme de film roman-photo. C’est aussi l’occasion d’une réflexion sur la communication non parlée et d’une sensibilisation à la Langue des Signes Française.
Denis Plassard aime donner une dimension théâtrale à ses chorégraphies et y mettre une pointe d’humour. Un style et une passion pour les romans-photos muets qui ressortent dans sa consigne : « foncez le plus loin possible pour trouver les idées les plus dingues ». Et il n’a pas été déçu : entre horreur, humour, drame et histoire d’amour ; les scénarios des élèves n’ont pas manqué d’originalité. Ils ont pu travailler l’écriture, la photo, le théâtre, la réalisation de storyboards, le tournage et le montage. Des enseignants de diverses matières se sont impliqués dans ce projet, qui a servi leurs objectifs pédagogiques, comme l’explique Mallory Romestaing, professeure d’art plastique au collège Saint-Louis à Tournon-sur-Rhône : « J’essaie d’inclure mon programme de matière à l’intérieur de la CCN, parce qu’il y a plein de possibilités. On jouait beaucoup sur la narration. En art plastique, on a aussi l’utilisation du corps pour faire une production artistique. »
Les élèves ont dû réaliser une vidéo qui mélange film et diaporama muet en noir et blanc, à la manière d’un roman-photo. Quand, il n’y a plus de son, c’est alors l’expression corporelle qui prend le relais. Les collégiens ont été invités à composer les scènes comme un tableau, à utiliser tout leur corps et à surjouer ! Une expérience qui leur a aussi donné un peu à réfléchir sur le quotidien des personnes malentendantes. C’est d’ailleurs l’une des thématiques du spectacle de Denis Plassard On ne parle pas avec des moufles, à laquelle ils ont assisté.
Un événement marquant pour les élèves
La fin des vidéos marque un retour à la normale, un peu spécial, où tout se fige ! Les élèves tiennent la pose, stoppés en pleine action à la façon d’un Mannequin Challenge. Un défi que les 200 jeunes participants ont reproduit en grand lors de la présentation de leurs œuvres sur la scène Lux à Valence. Ce projet hors du commun a captivé les élèves, comme en témoigne Valentin, en cinquième, au collège Jean Macé à Portes-lès-Valence : « C’était super, on a appris plein de nouvelles choses et ça nous a rapprochés. »
Un enthousiasme qui se ressent sur l’ambiance de la classe, explique Elisabeth Thuillier, professeur au collège Jean Macé de Portes-lès-Valence : « C’est motivant de voir les élèves hyper-contents, hyper-fiers de leur travail et ça soude vraiment la classe. On a un rapport différent avec eux, ils apprennent à travailler de manière autonome, en groupe. La classe est plus dynamique et réceptive. » Mallory Romestaing a participé à plusieurs CCN et à chaque fois, c’est une expérience à part pour les élèves : « Je pense que c’est un événement qui les marque et ils en gardent vraiment la trace. »