À Saint-Quentin-en-Yvelines, Culture Open Classe décloisonne l’éducation artistique et culturelle. Après le succès d’une première année pilote en 2021-2022, la communauté d’agglomération a reconduit son projet en s’appuyant de nouveau sur le dispositif des Classes Culturelles Numériques (CCN). Des centaines d’élèves de classe élémentaire répartis sur les 12 communes du territoire collaborent sur la plateforme en ligne. Leur mission : écrire leur propre roman grâce aux exercices et conseils d’un auteur. Après avoir travaillé sur le genre du polar l’année dernière avec Jean-Christophe Tixier, de nouvelles classes s’essaient désormais à la science-fiction avec Eric Simard. De nombreux ateliers de pratique artistique en présentiel (théâtre, illustration, édition, photographie…) encadrés par des intervenants professionnels alimentent aussi la créativité des élèves. Magali Gence est coordinatrice EAC pour la communauté d’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, elle explique poursuivre les mêmes objectifs pour cette deuxième édition : « faire culture commune, créer des ponts entre les habitants et avoir une approche raisonnée et créative du numérique ».
Culture Open Classe est un projet mené en partenariat avec le réseau des médiathèques de Saint-Quentin-en-Yvelines. L’un des grands objectifs est de rapprocher les élèves de ces établissements, quel bilan en tirez-vous ?
Les parcours proposés aux classes par les bibliothécaires ont permis de poursuivre un lien qui était déjà établi ou de mettre en place de nouvelles habitudes avec les enseignants. Il y a eu des rendez-vous réguliers dans les médiathèques avec un partage de ressources, des sélections bibliographiques, des prêts de livres, etc. Cela a permis aux enseignants de créer des habitudes de rencontres régulières dans les médiathèques qui perdurent au-delà du projet Culture Open Classe.
Quels retours avez-vous eus de la part des élèves ?
Ça a permis aux élèves de s’initier à un travail d’écriture dans un autre contexte que le cadre scolaire et pédagogique, ils étaient dans un cadre plus ludique et cela leur a permis de libérer leur imaginaire. Dans l’ensemble, les élèves n’avaient jamais été sollicités sur un travail d’écriture de cette façon-là et ils y ont pris beaucoup de plaisir. Ça leur a permis de développer du vocabulaire et ça a développé la pratique de lecture sur l’ensemble de l’année.
Quels retours avez-vous eus de la part des enseignants ?
Ils ont apprécié le fait d’avoir des impératifs et un encadrement de partenaires professionnels ; que ce soit l’auteur ou les intervenants artistiques, qui ont aidé à la conception et à l’imagination du travail d’écriture. L’idée ce n’est pas de faire venir un intervenant pour faire quelques ateliers, mais de donner du sens à travers un fil conducteur. Les enseignants n’ont pas la capacité de monter un tel projet, mais le fait de rentrer dans un cadre constitué, ça leur a permis d’aller beaucoup plus loin et c’est très confortable pour eux. Ils ont aussi exploité la partie plus pédagogique, que ce soit en français, mais aussi dans d’autres disciplines. Ils ont pu aborder les mathématiques, la géographie et l’histoire de l’art à l’intérieur de ce projet. Le fait d’être appuyé par une équipe de coordination et d’avoir la classe culturelle numérique pour centraliser toutes les productions et les partager, ça a été très stimulant pour les classes. Si au début certaines ont pu être timides sur la proposition de supports multimédias, quand ils ont vu ce que les autres classes faisaient, ça a donné envie aux élèves et aux enseignants d’essayer de proposer un peu plus et de le développer au travers du multimédia. Certains enseignants ont dû monter en compétences pour se saisir d’outils numériques. Il s’agit d’usages qu’ils vont pouvoir réutiliser sur d’autres projets par la suite. On essaie d’avoir des enseignants aguerris aux usages numériques, qui vont pouvoir apporter aux autres.
Chaque année, vous sélectionnez une classe, dans chacune des 12 communes du territoire. Quel est le but d’une telle collaboration à grande échelle ?
Culture Open Classe a deux grands objectifs : c’est un projet d’éducation artistique culturelle ET numérique. Il y a l’idée de faire culture commune, c’est-à-dire que des classes disséminées à différents endroits du territoire engagent une coopération autour d’un même projet. C’est un peu comme si on jumelait les classes entre elles pour leur permettre d’échanger, de voir ce qu’elles peuvent apprendre les unes des autres et ça, c’est stimulant. Il s’agit de créer des ponts, de développer des liens entres les habitants à différents points du territoire. Tout cela favorise le mieux vivre-ensemble, le sentiment d’appartenance et l’appropriation du territoire. Les écoles de la Communauté d’agglomération ont été dotées de matériel, l’idée, c’était de leur permettre une approche raisonnée et intelligente de ces outils numériques. Il s’agit aussi de voir comment on peut développer des usages créatifs, qui viennent nourrir les apprentissages scolaires.
Pourquoi avez-vous choisi de reconduire ce projet pour une année supplémentaire ?
L’année dernière, c’était l’année d’expérimentation. On a posé le cadre du projet : un partenaire culturel s’associe à un intervenant artistique, qui est le pilote et qui propose une colonne vertébrale. Il permet de collaborer avec des co-pilotes artistiques au travers d’ateliers et de fédérer des temps forts de rassemblement des classes sur le territoire. L’an dernier, nous avions deux temps forts : une journée scolaire au salon du livre et la journée de restitution en présentiel, qui a réuni les 300 élèves. Ils peuvent également se rencontrer à d’autres endroits et ils se retrouvent en visio, lors de rencontres avec l’auteur par deux ou trois classes. Le projet permet que le médium numérique les amène à apprécier d’autant plus la rencontre présentielle. Cette année, nous sommes repartis avec les médiathèques comme partenaire culturel. L’intervenant artistique pilote est un auteur, comme l’année dernière et on garde les deux temps présentiels avec une journée scolaire autour du livre puis le temps de restitution présentiel et digital.
Comment envisagez-vous ce dispositif dans la durée ?
Dans la durée, le projet peut aussi s’adresser à d’autres partenaires culturels. Par exemple, le musée de la ville a des missions de découverte du patrimoine et de l’art publique. On pourrait très bien avoir ce partenaire culturel et convier un intervenant artistique qui pourrait être un architecte, un urbaniste ou un designer. On pourrait aussi collaborer avec un théâtre qui proposerait un artiste associé. L’idée, c’est de déployer avec d’autres structures et d’autres partenaires, toujours en gardant les mêmes objectifs : faire culture commune, créer des ponts entre les habitants, avoir une approche raisonnée et créative du numérique.
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