S’approprier les gestes marquants des sportives engagées pour la parité, c’est le défi lancé par les Archives départementales de Loire-Atlantique et Benoit Canteteau, danseur et chorégraphe, aux collégiens du département. En partant de photographies d’instants forts de l’histoire du sport féminin, les élèves ont creusé la question du sexisme, et chorégraphié des scènes pour honorer la cause des femmes dans le sport.
Et si on sensibilisait les jeunes au sexisme dans le sport… par la danse ? À l’orée des Jeux olympiques de Paris, Benoit Canteteau, danseur et chorégraphe dans la compagnie Groupe FLUO, a animé une classe culturelle numérique pour les collégiens de 4e et 3e de Loire-Atlantique. Sur un thème choisi par les Archives départementales du 44, “Sport, femmes et gestes”, l’artiste a bousculé les idées reçues des jeunes en leur proposant de mettre en scène, par l’expression physique, des moments cultes de l’histoire du sport féminin.
Les collégiens et leurs professeurs se sont enthousiasmés pour la thématique ! “Nous avons reçu des dossiers de candidatures de 18 classes, pour en retenir 7, provenant de collèges couvrant tout le territoire”, se souvient Olivia Cottineau, médiatrice culturelle aux Archives départementales de Loire-Atlantique, et coordinatrice du projet. En parallèle, l’organisme a conçu une exposition itinérante sur le sujet des femmes dans le sport, qui a été installée dans chacune des écoles participantes.
S’inspirer de photographies cultes de femmes dans le sport
Les différentes étapes de cette classe culturelle ? Analyser, dans un premier temps, les photographies de ces instants clés de l’histoire du sport. Puis reproduire les postures et imaginer une chorégraphie inspirée par ces scènes. Enfin, concevoir un scénario et choisir une bande son pour la restitution sur la scène de Stereolux, espace nantais dédié aux musiques actuelles et aux arts numériques, le 4 juin 2024.
Et les élèves ont été pour le moins inspirés ! Suzanne Lenglen troquant corset et robe longue contre une robe courte sur les courts de tennis ; Megan Rapinoe posant un genou à terre sur le terrain de football, en signe de protestation contre le racisme, l’homophobie et le sexisme présents aux Etats-Unis ; Surya Bonali, victime de racisme et de critiques sexistes, bravant l’interdit en exécutant parfaitement un salto arrière sur la glace ; ou encore Kathrine Switzer, courant le marathon de Boston en 1967 alors qu’il est encore interdit aux femmes, violemment agressée par l’organisateur de la course sous les yeux des spectateurs. Quelques-unes des nombreuses figures féminines militantes qui ont ouvert les yeux des collégiens.
Pour accompagner et inspirer les participants, Benoit Canteteau et Tommy Poisson, photographe et vidéaste, leur ont rendu visite dans le courant de l’année. “Je leur ai beaucoup répété qu’il n’y avait pas de bonne réponse, explique le chorégraphe. J’étais là pour les recadrer lorsque leurs propositions étaient trop génériques, mais ça m’intéressait de découvrir comment leurs idées se créaient et évoluaient”.
A chaque étape de leur réflexion, les collégiens ont également été accompagnés par les Archives départementales de Loire-Atlantique, par le biais d’échanges, de diffusions de documentaires, et d’ateliers pratiques. Ils ont ainsi pu rencontrer Julie Marchant, joueuse professionnelle de basket fauteuil, et Pernelle Michon, vice-championne de France de voile. “Leurs témoignages très forts ont été une excellente manière de débuter la CCN, les élèves avaient énormément de questions”, raconte Olivia Cottineau. La cinémathèque de Bretagne a également participé au projet, par le biais de la projection d’un film sur l’évolution de la place des femmes dans le sport.
Le professeur, acteur central de la CCN
Si la présence des artistes et des sportives a inspiré les élèves, c’est surtout le rôle phare des enseignants que souligne Benoit Canteteau. “Le vrai acteur central, c’est le professeur ! Si l’enseignant n’est pas investi, l’impact reste mineur. Ce que j’ai trouvé très beau, c’est le lien qui s’est tissé entre le professeur et les collégiens, mais aussi entre les collégiens d’une même classe”, explique-t-il.
Quant à la journée de restitution, “elle a été superbe”, insiste le chorégraphe. Les petites scènes, dont un haka où garçons et filles se font face, ont été chorégraphiées par les différentes classes, sous la houlette de Benoit Canteteau. Projetées sur l’écran derrière les collégiens, des images de chronophotographie conçues par Tommy Poisson, qui représentent les mouvement découpés image par image. “C’était l’expression d’une force collective, un peu incontrôlée, une véritable synergie qui a permis de créer, ensemble”, conclut le chorégraphe.
Découvrez l’intégralité du travail des collégiens sur le thème des femmes dans le sport sur le site dédié.